jeudi 20 décembre 2012

La prise en charge des AVC : nouvel enjeu de santé publique


Illustration : ici
La prise en charge des AVC (accidents vasculaires cérébraux) constitue un objectif majeur de la politique de santé ces dernières années et fait l’objet d’un plan d’action spécifique pluriannuel élaboré par le Ministère de la Santé.

Les AVC représentent la troisième cause de mortalité en France après les pathologies cardiovasculaires et le cancer. Mais surtout, notamment en raison du vieillissement de la population, son incidence est en constante progression.

Par ailleurs, pour un certain nombre de patients, la survenue d’un AVC va engendrer des séquelles motrices et/ou fonctionnelles plus ou moins sévères conduisant à une perte d’autonomie le plus souvent définitive. La prise en charge pluridisciplinaire de cette perte d’autonomie , qu’elle soit réalisée en ambulatoire, à domicile, ou en institution, représente un poids économique très important pour la collectivité. Enfin, pour les patients et leur entourage, les séquelles post-AVC dégradent le plus souvent de façon marquée la qualité de vie, jusqu’à rendre parfois impossible le maintien à domicile.

 

 L’amélioration de la prise en charge des AVC passe par trois axes principaux :
                 - une meilleure prévention par une détection et une prise en charge des facteurs de risques,
                 - une information du grand public sur les signes d’alerte et les symptômes de ces affections,
                 - une meilleure prise en charge de la phase aiguë des AVC.

LA PREVENTION :
Les AVC sont l’apanage des personnes âgées. Cependant, cette affection concerne également de façon non exceptionnelle des sujets plus jeunes, voire parfois des enfants, en particulier en présence de facteurs favorisants. Les plus importants sont :
· l’hypertension artérielle,
· l’artériopathie,
· le diabète,
· les troubles du rythme cardiaque.
Une meilleure prise en charge de ces affections réduira certainement l’incidence des AVC à terme.


L’INFORMATION DU GRAND PUBLIC :
Pour le grand public, les AVC sont encore une affection peu connue, dont les symptômes ne sont pas clairement identifiés. Il en découle encore trop souvent un retard de prise en charge qui ne permet pas de mettre en œuvre un traitement efficace.


Les symptômes suivants doivent alerter :
- troubles de la motricité latéralisé (droite ou gauche) portant sur les membres,
- troubles du langage, de l’élocution,
- asymétrie du visage,
- trouble brutal du comportement.

Ils peuvent correspondre à un AVC.
Il est recommandé d’appeler sans délai le centre 15.
Un médecin urgentiste par l’interrogatoire pourra évaluer la situation et déclencher les moyens adaptés à la situation.


LA PRISE EN CHARGE DE LA PHASE AIGUE :
Pendant longtemps, la médecine n’a disposé que de peu de thérapeutiques réellement actives et efficaces sur les AVC. L’essentiel était de prévenir les récidives, les complications et limiter les séquelles par la rééducation.

Depuis quelques années, un traitement thrombolytique permet de « déboucher » l’artère occluse responsable  de l’AVC, donc de préserver le tissu cérébral et ainsi obtenir de façon plus fréquente une récupération totale ou partielle des symptômes de l’AVC.


L’ORGANISATION REGIONALE EN PACA DE PRISE EN CHARGE DES AVC :
ans la région PACA, il n’existe actuellement que 4 sites disposant d’une UNV et habilité à pratiquer la thrombolyse : MARSEILLE - NICE - TOULON - AIX EN PROVENCE.

Ce traitement efficace nécessite plusieurs conditions pour être mis en oeuvre dont les principales sont :
· un délai inférieur à 4h30 entre le début des premiers symptômes et l’administration du traitement,
· une IRM ou à défaut un scanner interprété par un neurologue qui valide l’indication de thrombolyse,
· une prise en charge à l’issue de thrombolyse en soins intensifs neurologiques appelées UNV : unité neurovasculaire.


 
Photo : CH DIGNE

Par conséquent, l’organisation repose sur une prise en charge optimisée sur le réseau régional des services des urgences, et les SAMU, Centre 15. Ces services réalisent le diagnostic clinique initial, ainsi que l’imagerie IRM ou scanner, puis contactent l’UNV la plus proche afin de transférer les patients éligibles à la thrombolyse.
                
Dans certains cas, par l’intermédiaire du SAMU, certains patients peuvent être orientés directement de leur domicile ou du lieu de survenue de l’AVC vers l’UNV la plus proche.


Photo : ici

A l’avenir, la télétransmission des images ainsi qu’un transfert de compétences entre neurologues et urgentistes permettront de réaliser une interprétation spécialisée à distance, puis une thrombolyse pratiquée sur protocole par l’urgentiste en charge du patient, suivi d’un transfert différé de quelques heures vers l’UNV disposant d’une place d’hospitalisation.
                
Ce processus, appliqué sur le même principe en cardiologie pour l’infarctus du myocarde depuis près de 20 ans maintenant avec le succès que l’on connait, aura certainement le même impact positif sur la prise en charge de l’AVC.

Ce dispositif régional AVC contribue, dans le domaine de la neurologie, à la l’application concrète du principe d’égalité d’accès aux soins particulièrement sensible dans les territoires de santé excentrés ou isolés comme le nôtre.


Docteur Serge BURCKEL
Directeur du SAMU 04 - Chef de service des Urgences
Article publié dans Hospimag - Décembre 2012


En savoir plus sur les AVC :